Page:Gourmont - Le IIme Livre des masques, 1898.djvu/235

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Où donc est le saule où tu nichais tous les ans,
Oiseau bleu, couleur du temps ?

Oiseau bleu, couleur du temps.
Dis un adieu pour la servante
Qui n’ouvrira plus désormais
La fenêtre, ni le volet
De la vieille tour où tu chantes…
Ah ! reviendras-tu tous les ans,
Oiseau bleu, couleur du temps ?


Et toujours il y aura des villages qu’on se souviendra d’avoir vu mourir un soir, et qu’on n’oubliera pas, et où l’on voudrait revenir, — oh ! un seul instant, revenir vers le passé qu’on a vu mourir, un soir d’adolescence, un soir de jeunesse, un soir d’amour :


Il y a de grands soirs où les villages meurent —
Après que les pigeons sont rentrés se coucher. —
Ils meurent, doucement, avec le bruit de l’heure
Et le cri bleu des hirondelles au clocher…
Alors, pour les veiller, des lumières s’allument,
Vieilles petites lumières de bonnes sœurs,
Et des lanternes passent, là-bas, dans la brume…
Au loin le chemin gris chemine avec douceur…


De toutes ces visions le poète enfin se détache avec une fermeté attristée :