Page:Gourmont - Le IIme Livre des masques, 1898.djvu/247

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Quand le vent automnal sonne le deuil des chênes,
Je sens en moi, non le regret du clair été,
Mais l’ineffable horreur des floraisons prochaines.
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Voici tout entier le Crépuscule Pluvieux, où jamais peut-être l’ennui, le mystérieux ennui, n’a été avoué avec une éloquence aussi sereine :


L’ennui descend sur moi comme un brouillard d’automne
Que le soir épaissit de moment en moment ;
Un ennui lourd accourt mystérieusement,
Qui m’opprime de nuit épaisse et monotone.

Pourtant nul glorieux amour ne m’a blessé,
Et c’est sans regretter les heures envolées
Que je revois au loin, vagues formes voilées,
Mes souvenirs errants au jardin du passé.

Et pourtant, maintenant, dans l’horreur languissante
D’un soir de pluie et dans la lente obscurité,
Je sens mon cœur que nul amour n’a déserté
Mélancolique ainsi qu’une chambre d’absente.


Plus loin, dans l’Acte de Contrition, c’est encore le même sentiment de déréliction et d’accablement :


Je confessais que les Printemps et les Automnes
Passent en vain le seuil sacré des horizons,