Page:Gourmont - Le IIme Livre des masques, 1898.djvu/250

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sait l’ancienne poésie française et les règles précises de la vieille assonance, il a voulu les respecter dans cet essai, qui, malgré sa brièveté, est, à ce point de vue, remarquable. Le parnassien allait donc évoluer naturellement vers l’esthétique d’aujourd’hui, quand la mort le surprit ; il avait sans doute compris qu’il ne faut pas dédaigner les manières nouvelles d’exprimer l’émotion et la beauté.

Parallèlement à ses poèmes, Mikhaël avait écrit des contes en prose ; il tiennent dans le petit volume des Œuvres, juste autant, juste aussi peu de place que les vers. Là encore il fut curieusement précoce et, à dix-neuf ans, il produisait des pages tout à fait charmantes par la franchise de la philosophie, telles que le Magasin de jouets, avec, déjà, de jolies phrases : « Ces belles Poupées, vêtues de velours et de fourrures et qui laissent traîner derrière elles une énamourante odeur d’iris. » Dans Miracles, l’incroyance au divin est analysée avec une belle sûreté de main et d’intelligence ; presque partout, on sent un esprit maître de soi et qui tient à ne revêtir de la forme que des idées qui valent la forme. Il est surtout attiré par les histoires significatives et révélatrices d’un état d’âme