Page:Gourmont - Le IIme Livre des masques, 1898.djvu/255

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Tandis que, pour voiler l’invisible ostensoir,
Pendent sur les vitraux des loques sépulcrales,
Vagues, passent des chants tristes comme des râles,
Les chants de la forêt à la brise du soir.

— Ô Temple ! Bien souvent je suis le labyrinthe
De tes nefs, par la nuit cherchant ton Arche-Sainte !…
Mais, en vain ! L’horizon, toujours sombre et béant,

Fuit devant moi ; le Vide dort au fond des salles !
— Ainsi, mon cœur, sondant les célestes dédales,
Marche, toujours heurtant l’implacable néant !


Si, après cette estampe romantique, j’extrais du même recueil la Contemplation, on aura peut-être une idée assez juste d’Aurier très jeune, partagé entre le vouloir d’être sérieux et l’amusement de ne pas l’être :


Le cœur inondé d’une ineffable tristesse,
Je contemple le crâne aimé de ma maîtresse.

Dans ses orbites creux, d’épouvantes remplis,
J’ai fait coller deux très beaux lapis-lazulis ;

J’ai mis artistement sur l’os blanc de sa nuque,
Poli comme un ivoire, une vieille perruque ;

J’ai, dans ce faux chignon, répandu ses parfums
Préférés (souvenir de mes amours défunts) ;