Page:Gourmont - Le IIme Livre des masques, 1898.djvu/265

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suit : c’est d’une finesse un peu simple, mais comme c’est observé et quelle belle ironie en action ! Qu’on lise encore la déclaration d’amour du vieux Godeau, les tendres paroles dont se soulage le malheureux pendant que la bien-aimée se livre, cyniquement, à d’autres soulagements : c’est d’un genre de comique qui n’a de vulgaire que la forme, et qui laisse dans le souvenir une impression de rabelaisianisme ingénu.

Enfin, Vieux est une œuvre très imparfaite, — mais non pas médiocre.

Aurier annonçait plusieurs romans, les Manigances, la Bête qui meurt : comme toujours, et comme tous les faiseurs de projets, il se préoccupa de réaliser ses promesses dans l’ordre inverse où il les avait faites. On a retrouvé dans ses papiers un manuscrit intitulé Edwige, mais qu’il avait verbalement débaptisé quelques semaines avant sa mort ; il a paru sous ce titre : Ailleurs.

Plus qu’une esquisse et moins qu’une œuvre achevée, ce petit roman philosophique est curieux : c’est un duel tragi-comique entre la Science et la Poésie, entre l’Idéalité et le Positivisme, conté en un style adéquat au sujet, tantôt bizarrement fa-