Page:Gourmont - Le IIme Livre des masques, 1898.djvu/80

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du sanctuaire, héritière de tous ces recueils ouverts à la seule littérature avouable qui s’étaient succédé depuis presque un demi-siècle, la Revue française, la Revue fantaisiste, la Revue des Lettres et des Arts, le Monde Nouveau, la République des Lettres. Ces deux années furent fécondes et nous en ressentons toujours la très bienfaisante influence. Ayant pris charge de la littérature vers le déclin du naturalisme, M. Dujardin la conduisit par deux chemins qui devaient se rejoindre un peu plus tard, d’un côté vers Ibsen, de l’autre vers le symbolisme français. On voit l’évolution. Elle se fit assez vite (des Esseintes y avait déjà contribué) du précis à l’imprécis, du grossier au doux, du reps à la peluche, du fait à l’idée, de la peinture à la musique. Avec la Vogue, la Revue Indépendante redressa bien des mauvaises éducations, détermina bien des vocations, ouvrit bien des yeux alors aveuglés par la boue naturaliste.

La musique, c’est-à-dire Wagner, inquiéta beaucoup M. Dujardin, à la même époque ; déjà il avait fondé la Revue Wagnérienne, dont l’action, peu étendue, fut profonde. Il n’y a rien de plus utile que ces revues spéciales dont le public élu parmi les vrais fidèles admet les discussions mi-