Page:Gourmont - Le IIme Livre des masques, 1898.djvu/81

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nutieuses, les admirations franches ; la Revue Wagnérienne, de critique sûre, de littérature vraie, créa en France le wagnérisme sérieux et presque religieux. On croyait avoir trouvé l’art intégral, — et cela dura dix ans : ce fut encore M. Dujardin qui avertit le public que le culte du génie ne doit pas être une adoration aveugle. Son article sur les Représentations de Bayreuth en 1896 est, comme le premier numéro de la Revue Wagnérienne, une date dans l’histoire du wagnérisme. En voici l’argument : « Un art n’est-il pas d’autant plus élevé qu’il exige moins de collaborations ? » Le rêve de Wagner, interprété sur un théâtre, par des cabotins, par des décors et des costumes (« qui en sont l’extériorisation »), échoue à donner l’impression d’un art absolu, complet ; tel qu’il fut conçu, le drame wagnérien est « impossible ». Ainsi M. Dujardin a ouvert et refermé la porte.

Au milieu de ces multiples activités, et aux heures mêmes de son apostolat wagnérien, M. Dujardin ne s’oublia pas lui-même ; il écrivit des contes, des poèmes, un roman et une trilogie dramatique, la Légende d’Antonia.

« Un jour, comme je regardais dans un album