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L’AMOUR JAPONAIS



Elle est bien curieuse, cette histoire des amours malheureuses d’un jeune Japonais et d’une institutrice anglaise, et rien ne nous fait peut-être pénétrer plus avant dans la mystérieuse âme de ces petits hommes. Que nous sommes loin des mièvreries légendaires ! Donc un peintre japonais rencontra à Vienne une Anglaise avec laquelle, séduit par son intelligence, il noua des relations d’amitié, et cette amitié, peu à peu, se transforma en un amour éperdu qui ne se maintint dans les limites du sentimentalisme que grâce aux lointaines perspectives d’un mariage futur. Les Japonais, comme tous les peuples de race jaune, ignorent le baiser, ce qui, soit dit en passant, doit leur faire paraître notre littérature romanesque bien singulière : la jeune Anglaise l’initia à ses douceurs et une lettre nous montre le trouble qui saisit l’ignorant Japonais quand il approcha pour la première fois ses lèvres maladroites du jeune front qui s’offrait à lui. Il fallut se séparer, car le