Page:Gourmont - Le Puits de la vérité, 1922.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Japonais, qui était marié en son pays et qui avait eu de sa femme un enfant (ce qu’il appelle une « faute d’impression »), trompé d’ailleurs, lui ont appris des amis, par cette femme trop longtemps abandonnée, a décidé de demander le divorce, ce qui est très facile au Japon. Libre, il y attendra sa fiancée et c’est l’amour, cette fois, et non une formalité sociale, qui nouera l’union. Quand il part, il est épris au point que la jeune Anglaise, dans son exaltation, l’est à peine autant que lui. Mais le voyage, le retour en son milieu changent brusquement ses idées. Il a été saisi soudain d’un sentiment de honte ! En effet, l’amour au Japon est considéré comme immoral. Les satisfactions de l’instinct charnel y sont admises, mais on considère qu’aimer c’est se mettre en esclavage, c’est se diminuer, c’est s’avilir. Il y a tout de même des amoureux au Japon, mais dans la basse classe et fort méprisés. L’initié au baiser d’amour ne put surmonter les préjugés de sa caste. L’Anglaise, qui était allée le rejoindre, inquiète, le trouva insensible. On assure qu’elle devint désespérée et ne put survivre à sa déception. Et il y a des gens qui veulent nous faire comprendre les Japonais.


_______