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M. DE CHATEAUBRIAND



Il ne semble pas que le ton de dénigrement avec lequel M. Jules Lemaître parle toutes les semaines de Chateaubriand ait unanimement satisfait ses auditeurs. Chateaubriand est pour nous, fils plus ou moins fidèles du romantisme, une sorte d’Homère. Nous souffrons mal qu’on s’en fasse le Zoïle, même avec le sourire. Nul homme n’est plus sympathique même à ceux qui ne goûtent pas toutes ses idées : il les a exprimées en un si beau langage ! Les catholiques croient qu’il a posé la plus noble et la plus irréfutable des apologies du Christianisme et les libres esprits, d’autre part, lui savent gré de ne l’avoir conçue que comme une sorte d’esthétique. Il avait d’abord eu soin d’en écrire la contre-partie, afin de mieux dérouter la postérité, et M. Jules Lemaître, qui a exactement et de son mieux suivi cet exemple, aurait dû s’en souvenir. Cet homme fut un grand voyageur, un grand amoureux, un grand écrivain, peut-être un grand homme d’État, un grand histo-