Page:Gourmont - Le Puits de la vérité, 1922.djvu/98

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soigneusement expurgées et dont le type est resté cette fameuse collection ad usum Delphini, mais cela ne touchait pas absolument à l’intégralité littéraire du texte et on épargnait encore aux enfants l’horreur de ces morceaux choisis, où, pour mettre un peu de tout, on réduit en miettes les plus beaux livres. Ce serait une longue histoire que celle des livres de classe, qu’il suffise de dire qu’on les a, au cours du siècle dernier, perfectionnés à un degré presque ridicule. En même temps, comme par hasard, le niveau des études baissait constamment. Jadis, avec rien, un livre plein de fautes d’impression, un maître bougon, souvent brutal, un enfant apprenait le latin, par exemple, à la perfection. Maintenant, avec des maîtres charmants, des livres admirables, il passe huit ou dix ans à ne rien retenir. Je crois qu’un jour viendra où on prohibera le livre de classe, comme la plus dangereuse et la plus odieuse béquille scolaire qui ait jamais été imaginée pour enseigner aux enfants l’art de ne rien faire.


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