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ECCLÉSIASTIQUES



Les femmes qui prennent pour amant un ecclésiastique sont en général des personnes timides et qui, plus encore que les autres, chérissent la discrétion. L’homme d’église la lui assure. Sa profession même lui impose, plus qu’à tout autre, la plus grande réserve. Avec lui le scandale n’est pas à craindre. La dignité de leur vie s’en accommoderait mal. C’est ce que disait à peu près Catulle Mendès à un homme de lettres qui lui avouait avec honte qu’il était le fils d’un ecclésiastique : « Quel homme plus recommandable aurait donc pu choisir madame votre mère ? » demanda sévèrement Mendès, dont l’ironie n’était pas sans charme. La petite poétesse d’Agen n’avait sans doute fait aucun calcul en donnant son amour au jeune vicaire ; mais elle pensait bien, tout de même, que sa liaison ne finirait pas aussi tragiquement. Un suicide, et elle était pieuse. Un suicide, et son ami était prêtre. Il advient vraiment des choses déconcertantes. Si on réfléchissait de trop près