Page:Gourmont - Lettres à Sixtine, 1921.djvu/130

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lieu de couper huit jours à mon congé, je l’allongeais frauduleusement de toute une semaine !

Ainsi, ô ma chère amie, tu l’as dit, tu l’as écrit. Cette littérature on veut donc bien s’y intéresser. C’est la dernière joie que tu pouvais me donner ; tu la tenais en réserve. Maintenant seulement, rien de toi ne m’échappe ; j’aurai ton intelligence aussi, comme ton âme et comme ta beauté. Il aurait été dur, souvent, très dur de travailler près de toi à des choses auxquelles tu serais demeurée étrangère. Travailler avec toi, compris, encouragé et aidé par toi ; c’est le plus complet bonheur que je pouvais imaginer. Il me semblait que les heures que je donnais au travail, je te les volais ; elles seront à toi comme les autres, et c’est pour toi que je travaillerai. Arriver pour moi je le voulais, avec une énergie souterraine, sans en avoir l’air, et d’ailleurs sans me sentir talonné par une ambition immédiate. Si tu me tends la