Page:Gourmont - Lettres à Sixtine, 1921.djvu/135

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possible et crois que je vais reculer. Non pas. Au contraire, je retiens comme un plan de vie intellectuelle tout ce passage de ta lettre ; c’est le but que je voulais atteindre et tu ne peux te figurer quelle satisfaction cela a été pour moi de te voir ainsi décidée.

Avoir l’inespéré bonheur d’une femme aussi complète et n’en jouir qu’à moitié… ce serait comme si, de mon côté, je cherchais à te dérober mes côtés intellectuels. Nous devons nous pénétrer de toutes parts et ne faire qu’un vraiment, d’intelligence, comme d’âme et de sensations.

Ne crois pas, ma chère femme, que tu sois si malhabile à l’expression de tes sentiments. Ils débordent tes phrases ; tu ne dis pas ce que tu sens, tu le racontes, tu le décris par le côté extérieur et tu m’en donnes la vision. Dans tel mot je trouve toute ton âme, car maintes fois je l’ai trouvée dans un geste. Et je t’aime comme tu es, et je ne