Page:Gourmont - Lettres à Sixtine, 1921.djvu/179

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était absente : il n’y avait rien de ce qui fait d’elle l’amie, ni l’enveloppement des gestes conquérants : ceci est à moi ; ni le baiser qui mord ; ni le tressaillement de la moelle qui s’électrise depuis le cerveau jusqu’aux orteils ; ni les syllabes murmurées à peine, le cri doux et un peu fauve qui dit l’indicible ; et pourtant. — oh ! tristement ! — mes désirs se sont accomplis.


L’amie était absente, je l’ai cherchée en vain. En vain j’ai interrogé la chair en ses secrets : les secrets ont gardé leur secret. Sous la lampe rose, la même lampe rose, ce n’était plus la même amie. L’illusion m’a tendu ses lèvres, la chimère m’a livré sa beauté : l’amie était absente.


Je l’ai cherchée en vain : son âme était en voyage. Et c’était pareil à un songe charnel, quand