Page:Gourmont - Lettres à Sixtine, 1921.djvu/196

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d’amer, tu l’oublieras, car je ne veux rien entre nous qui soit même l’ombre fuyante.

Souviens-toi plutôt que comme un autre toi-même tes affaires, tes soucis, tes joies sont mes affaires, mes soucis, mes joies. Je t’assure qu’en ces temps derniers j’ai partagé toutes tes émotions ; ne t’en es-tu pas aperçue ? Quand il s’agit de toi, il ne saurait être question de dilettantisme.

À quoi bon aimer, alors, si ce n’est pas pour aimer ainsi ? Pourquoi se donner, si on ne se donne qu’à moitié ?

Mais tout homme a dans son cœur un méchant qui sommeille.

Ah ! ma chère Berthe, si mon méchant se réveille contre toi il faut lui pardonner, car il ne sait ce qu’il fait.