Page:Gourmont - Lettres à Sixtine, 1921.djvu/46

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D’abord, ce ne fut rien. Je la vis sans trouble. Puis je pensais à des causeries avec elle et jamais l’occasion ne s’en présentait. Nulle idée de lui plaire ; seulement un agrément quand je la trouvais.

Je la perds de vue. Elle est quelque part dans le Midi. Un jour Mme V… me dit qu’en lui écrivant elle a mis un mot pour moi. Je suis plus flatté que touché. Alors je songe à lui plaire intellectuellement. Même je commence à parfois m’intéresser à elle. Son retour annoncé m’est comme une fête. Elle arrive, s’assied agitée, me jette son manchon, privilège, m’éblouit : je sens quelque chose. Ce manchon est un peu d’elle que je tiens et que je pétris ; mouvement nerveux.

Un soir elle sort avec R… Mouvement de jalousie. Une histoire singulière qui me laisse froid ; je ne devais m’en inquiéter que plus tard.

Une fois je la reconduis. Rien. Je vais chez elle.