Page:Gourmont - Lettres à Sixtine, 1921.djvu/47

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Éblouissement. J’ai senti la coquetterie de me plaire et j’y réponds. Il y a quelque chose.

Les samedis me deviennent précieux. J’y songe toute la semaine.

Deux mois passent. Musique. Causeries. Je ne pense à rien qu’au plaisir du moment.

Ce doit être vers la fin de février. Je me trouve perplexe. Sentirais-je autre chose qu’un plaisir de sympathie ? Je m’observe. Je dois paraître extrêmement froid. J’exagère la réserve, j’ai des mots de détachement à glacer toute velléité. Je me mens à moi-même.

Après le dernier étonnement je m’étais laissé aller à des vers, Ballade, A G. Doré. Ceux-ci furent mal reçus ; l’ironie m’avait buté. Je la crois absolument rebelle même à une fantaisie.

Buté à cela, je m’observe mal, je me figure plus insensible qu’elle-même.

Décidément je ne sens rien.