Page:Gourmont - Lettres à Sixtine, 1921.djvu/80

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Répands tous les saphirs et tous les diamants
Sans les compter, comme un fleuve ardent de tendresse
Afin que sur la nef des purs enchantements,
S’embarquent radieux nos jours et nos jeunesses.


Mais l’heure t’appartient : à toi de l’évoquer ;
C’est à toi de céder au baiser qui te presse,
Ou de roidir ton corps ; c’est à toi d’abdiquer
Ou de barder ton cœur d’une triple sagesse.


Qu’elle sonne aujourd’hui, qu’elle sonne demain
Cette heure que parfois j’attends avec détresse,
Je ne faiblirai pas ; ma vie est en tes mains :
Seule, de nos bonheurs tu restes la maîtresse.


O chère, gardons-nous des doutes, qui sont vils ;
Que rien de nos amours n’entame la noblesse ;
Les arguments du cœur ne sont jamais subtils :
On aime et sans réserve on répand sa richesse.