Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/137

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étreintes et des spasmes ? On dirait qu’elle ne peut pas trouver ce repos spontanément absolu de sa sensibilité détendue, ou du moins que le rythme de ses vers seul le lui peut donner. Le rythme de ces vers est, en effet, harmonieux comme une caresse graduée vers l'étouffement final de la joie : il recrée l’état inquiet du désir, et cette « pureté dernière » des yeux, avant que l’extase les ait envahis et troublés. Mais, souvent, le style de Renée Vivien se fait abstrait et ne veut retenir que le dessin des étreintes. La poétesse, avec méthode, décortique sa sensation à froid, et, ainsi dessinés, ces amours atteignent une pureté et une chasteté mystiques. Vraiment, ce sont là jeux de petites filles très pures et même très pieuses : elles croient à l’amour et s'entrebaisent avec une respectueuse adoration. Pourtant cette adoration s’agenouille et se fait plus sensuelle ; c’est la communion :