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muses d’aujourd’hui

poésie masculine est la conquête de la femme : le poète fait la roue comme un paon ; son ramage est son plumage. Il faut donc que la poésie féminine soit comme l’autre face de la sexualité, qu’elle nous montre le désir de la femme d’être saisie, emportée comme une proie ; cette sorte d’effroi délicieux où la crainte se mêle au désir, parce que la volupté qu’elle devine la blessera. Mais on s’aperçoit vite que, chez la femme poète, ce n’est pas le désir de l’homme qui domine, mais seulement la nécessité d’une vibration eurythmique qui régularise son équilibre nerveux. La vie physiologique de la femme est dominée par cette recherche de l’eurythmie nerveuse. L’amour normal le lui procure rarement ; elle demande des gestes plus compliqués et savant auxquels puissent se marier les jeux de l’imagination et de la suggestion. George Sand a cherché toute sa vie, sans la trouver, la réalité de sa