degré imperceptible, la force commence à diminuer. Il faut alors choisir. On s’y résigne et l’on s’allège. Les uns rejettent brusquement tous les fardeaux, un seul excepté ; les autres se contentent, provisoirement, du moins, de les répartir selon un équilibre meilleur, il s’établit, dans les activités, un ordre fondé sur la hiérarchie. Cela dure quelques années, puis un nouvel arrangement met en avant une activité qui ne s’était encore que rarement exercée. Ce n’est qu’après des essais multipliés d’équilibre, que l’homme trop riche se résout enfin à se débarrasser de tout ce qui gênait le plein développement de sa tendance maîtresse.
M. Jules Lemaître avait eu, lui, bien des tendances contraires : le professorat, la poésie, la critique, le roman, le théâtre, l’éloquence, la politique. Sauf la dernière, il les a exercées presque toutes simultanément, au moins par groupe de trois ou quatre à la fois. Il a été, comme plusieurs de ses anciens élèves en ont témoigné, comme ses succès de carrière l’attestent, un très bon professeur, remplissant le rôle du maître qui est, bien plus encore que d’enseigner, de piquer les intelligences, de les étonner, et ensuite de les maintenir en éveil. Poète, il fut amusant, lorsque, comme le