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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/106

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dit M. Sansot-Orland[1] « avec un égal abandon d’intimité et de prosodie », il nous initia, selon la manière de M. François Coppée, à ses amours éphémères d’étudiant et de jeune professeur. Mais la poésie même fut pour lui un de ces brefs amours ; il en tira quelque plaisir, sans doute, et un peu de cette considération spéciale, presque ironique, mais réelle, que l’on accorde volontiers, en France, à tout homme d’esprit qui sait tourner un sonnet et qui n’en abuse pas. Jules Lemaître, c’est bien ; Jean Aicard, c’est trop.

Le critique s’était déjà manifesté avant le poète ; il le fit taire. Deux morceaux, également agréables, suffisamment pervers, modérément méchants, révélèrent dans le même temps, vers 1884, M. Jules Lemaître aux différents publics littéraires : son Renan dans la Revue bleue et son Huysmans dans la Revue contemporaine. Ni l’une ni l’autre de ces études n’a une grande valeur critique ; elles sont curieuses par ce partipris de ne pas être dupe ; mais il n’est pas mauvais, et c’est, après tout, un signe de supériorité, d’être crédule au génie, au talent, à l’effort loyal et désintéressé. Le snob est

  1. Les Célébrités d’aujourd’hui : Jules Lemaître ; Paris, Bibliothèque internationale, 1903.