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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/116

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tempéré par le sentiment et par la poésie. Toute sa vie, même si elle avait été très longue, Laforgue l’eût passée à surveiller la lutte perpétuelle qui se livrait en lui entre l’intelligence et la sensibilité, et cela nous eût donné les plus belles œuvres, les plus vivantes.

Il reste de lui les Moralités légendaires, quelques vers, quelques lettres, quelques pensées, et ce sont les assises d’un palais à peine sorti des fondations, muis assez visible déjà pour témoigner du génie de l’architecte. Laforgue manque à notre littérature d’aujourd’hui où il compte tant d’amis, où il aurait eu bien peu d’égaux et où personne ne représente cette extraordinaire ironie sentimentale dont il est le seul maître.

1904.