Aller au contenu

Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/117

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


UN CÉLÈBRE AMATEUR

PROSPER MÉRIMÉE


Pendant les vingt dernières années de sa vie, Mérimée n’écrivit presque plus rien que des préfaces, des rapports officiels, des babioles inutiles et graves. Il expliquait ainsi cette attitude :

« On me charge de faire quantité de choses ennuyeuses que je n’ai paa le courage de refuser. C’est un ami qui me demande une tartine pour son livre, ou un ministre qui veut avoir un mémoire sur la bibliothèque. Je passe ainsi mon temps à faire des choses inutiles, mais au fond ma grande raison pour ne pas refuser net, c’est que si je ne les faisais pas, je ne ferais rien du tout. Lorsque j’avais un but, c’était bien différent. J’avais une grande envie de plaire, et je m’appliquais. Maintenant je rencontrerais sous mes pieds les plus beaux diamants que je ne me