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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/121

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aucun doute sur la valeur de ces œuvres. Les amies de Mérimée, au coutraire, pouvaient agira un certain moment, et comme malgré lui, sur sa pensée. Je sais bien que c’étaient des amies supérieures, mais devait-il s’abandonner ? » On ne saurait mieux dive. M. Rebell aime beaucoup Mérimée et le juge avec très grande indulgence ; cependant il a bien vu le côté faible du caractère de l’écrivain et tout ce que son talent avait de subordonné aux circonstances mondaines, aux caprices féminins.

Cependant, au cours du duel qui fut l’un des épisodes de sa dernière passion, il eut un beau mot d’homme de lettres. Du moins, je l’interprète ainsi. Son adversaire, excellent tireur, fort maître de lui, et qui se buttait pour obéir au préjugé plutôt que pour le soin de son honneur, lui demanda galamment, au moment de croiser les épées : « A quel bras préférez-vous être louché ? — Au bras gauche, si cela vous est égal, » répondit Mérimée. Et il en fut ainsi. Tous les droitiers, sans doute, préféreraisnt être blessés au bras gauche, plutôt qu’au bras droit ; il est tout de même amusant de voir là un mot d’écrivain qui pense à sa plume. Cependant, il ne devait plus guère écrire, de ce bras respecté par un adversaire, qui était peut-être son admirateur, que