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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/155

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tail se dresse ou son ombrelle s’incline entre elle et ces curiosités où il y a souvent du désir. Un désir trop humain et naturel l’eût tellement humiliée !

Ses rapports même avec la littérature, art ou théâtre, sont défiants. Elle n’accepte la fiction que comme un prétexte à regarder au fond de soi : « Et quand nous sommes saisis, nous ne le sommes pas par le tragique du théâtre, mais par des sens plus profonds qui ont été éveillés dans notre cœur[1]. » Voilà bien l’attitude de la sensibilité égoïste pour qui la douleur d’autrui n’existe que si par hasard le cri extérieur a vibré à l’unisson du timbre intime. Il ne faudrait pas se laisser prendre trop souvent à ce que les gestes d’une telle créature peuvent simuler de pitié ; ce sentiment ne peut vivre en elle que passager. Quelle pitié d’autrui est possible à qui n’a pas pitié de soi-même ?

La pitié suppose une certaine crédulité. Élisabeth jugeait les hommes à peu près comme La Rochefoucauld : « Chaque salut a son but, chaque sourire veut être payé[2]. » Elle payait, et sans amertume. Autant qu’un désir, une dette l’eût révoltée : le désir est une sorte de dette, quoique imaginaire. Cela

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