partager avec qui que ce soit des sentiments ou des sensations, ou bien ses désirs sont tellement étranges qu’elle ne veut ni les avouer, ni les tolérer. Cependant des flots avaient joué autour de cet écueil. Avaient-ils joué en vain ? Le rocher sombre et ironique n’avait-il jamais accueilli le sourire de la lumière ? L’impératrice ne se parle jamais qu’à demi. Dès qu’elle sent que le manteau glisse de son épaule, elle interrompt le geste commencé, ramène l’étoffe au devoir de tomber en plis sévères. Cette femme n’eut jamais de confidentes ; dans la tragédie de sa vie, si on l’ordonnait, il faudrait rayer ce rôle ; et les monologues d’Hamlet seraient encore pour elle des morceaux bien longs et bien indiscrets.
Mais si elle n’a pas dit sa vie, il lui a plu de dire un peu de sa pensée. M. Christomanos lui a donné un tour lyrique, mais avec assez de vérité dans la transcription pour qu’on y trouve bien ce qui décidément fait la trame du caractère de l’impératrice, le dédain.
Elle n’a l’air de tenir ni à ses impressions, ni à ses admirations ; souvent une brève phrase d’ironie vient briser le son trop musical de paroles trop claires. Si maîtresse d’elle-même qu’elle soit, elle a