LES SURVIVANTS
Il faut vénérer les survivants. Un homme prend de la valeur, par cela même qu’il dépasse de quarante ou de cinquante ans la maturité humaine. Que de choses il a vues, profondément différentes de celles qui se passent sous nos yeux ! Sans doute, l’humanité de sa jeunesse était déjà la vieille humanité, mais elle avait une manière d’être vieille, qui maintenant nous semble toute jeune. Il a été le contemporain de mœurs qui nous semblent naïves, comme le paraîtront les nôtres à ceux qui seront jeunes dans un demi-siècle. Cette naïveté, toujours renouvelée, est une pure illusion ; il y a autant de naïveté dans le présent et il y en aura autant dans chacune des futures années que nous en pouvons trouver dans une quelconque des années passées. Mais nous ne voulons pas comprendre cela et peut-être avons-nous raison.
Il faut concevoir le monde comme un enfant per-