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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/174

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d’un art précieux et sûr, Philoxène Boyer, plein de projets, n’a presque rien laissé que ces projets. Cependant, M, Philibert Audebrand cite de lui un bien joli sonnet, les Deux saisons, qui se peut mettre en parallèle, peut-être, avec le trop fameux sonnet d’Arvers. Le voici pour que l’on puisse en juger :

J’ai mis mon cœur sous une rose.
En cherchant vous l’y trouverez
Avec ses souvenirs dorés,
Ses regrets, son ennui morose.
Demain la corolle déclose,
Lorsque vous la regarderez,
N’aura plus ces tons enivrés
Qu’un rayon de soleil compose.
Pourtant, du bouquet qui mourra
Vers vous un paiium montera,
Plein de sensations cachées.
Et c’est mon cœur fidèle et doux,
Enfant, qui montera vers vous
Dans cette odeur de fleurs séchées.

Philoxène Boyer avait une grande ambition : il voulait faire connaître à la France le véritable Shakespeare. Malgré l’admiration des romantiques, Shakespeare, en effet, était bien mal connu, même du public lettré, il y a cinquante ans. Les traductions anciennes étaient insuffisantes ; les nouvelles n’étaient point meilleures : de Le Tourneur à Benjamin Laroche, le progrès avait été médiocre. Phi-