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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/182

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voquer des confidences. » C’est très vraisemblable. Il était romancier avant tout et rien n’était perdu de ce qu’il voyait, de ce qu’il entendait, de ce qu’on lui écrivait. Les femmes qu’il a le plus aimées, il les met dans ses romans. On y reconnaît Mme de Berny, sous le nom de Mme de Mortsauf, et la marquise de Gastries sous le nom de la duchesse de Langeais. Les romanciers sont des confidents redoutables.

Mme de Berny fut la meilleure et la plus tendre amie de Balzac ; amie au sens véritable du mot, car il ne semble pas qu’il y ait jamais eu entre eux d’autres relations que celles de l’amitié profonde. Cependant M. Hugues Rebell est d’une opinion différente, et il cite un passage d’une lettre de Balzac qui pourrait lui donner raison. Quand elle mourut, il éprouva un très grand chagrin. « Mme de Berny, écrit-il à ce moment, a été un dieu pour moi. Elle a été une mère, une amie, une famille ; elle a fait l’écrivain, elle a consolé le jeune homme… » Il est très probable qu’elle a réellement collaboré à l’œuvre du romancier, au moins en lui fournissant des renseignements sur les aventures politiques auxquelles elle avait été mêlée, des anecdotes, des descriptions, des scènes entières. Sa