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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/181

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platoniques, il est vrai ; et plus que platoniques, souvent, amours par correspondance !

Quand il n’écrivait pas des romans, Balzac écrivait encore. Il écrivait des lettres. Elles étaient de deux sortes : d’abord des lettres d’amour ; ensuite des lettres où il racontait ses lettres d’amour. Sa sœur, Mme Surville, la duchesse d’Abrantès, Mme Zulma Carraud furent ses trois grandes confidentes, îi ne lui arrivait pas la moindre petite aventure qu’il ne la racontât immédiatement à l’une de ces amies désintéressées. Il ne leur cache rien, n’ayant rien à cacher d’ailleurs, car ses amours étaient souvent de pures imaginations. Non seulement il se confie tout entier à ces femmes qu’il connaissait depuis longtemps et dont l’amitié était sûre, mais il ne peut résister au besoin de faire des confidences même à la première venue. À toute femme qui lui écrit à propos d’un de ses livres, il adresse de longues lettres pleines d’aveux, de projets, de récits de ses malheurs et de ses espoirs. C’était, pour le sentiment, un grand enfant confiant, toujours prêt à répondre par un sourire à la moindre caresse affectueuse.

« C’était un besoin pour lui de s’épancher, dit M. Hugues Rebell ; peut-être aussi espérait-il pro-