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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/188

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VERLAINE ET VICTOR HUGO[1]


La littérature, qui n’est cependant pas un pays habité par des gens simples, est pleine des plus naïves légendes. C’est ainsi que l’on croit généralement que tous les grands écrivains d’une période ont vécu dans un état de parfaite amitié ou, tout au moins, de profonde estime réciproque. Les professeurs de second ordre, qui n’estiment les lettres que comme une école de morale, une méthode éducatrice, n’hésitent pas à nous décrire les sentiments d’admiration respectueuse qu’éprouvaient l’un pour l’autre Molière et Racine, Boileau et La Fontaine, et même Bossuet et Fénelon, Jean-Jacques Rousseau et Voltaire. Il faut, à tout prix, insinuer aux enfants et au public, ce grand enfant, que le génie est toujours accompagné de la vertu, de toutes les vertus. Ces éducateurs audacieux n’ont-ils pas été

  1. Paul Verlaine, Œuvres posthumes. Paris, Librairie Vanier.