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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/203

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indépendants, c’est qu’ils se souviennent de cela. Ils ne doivent guère de reconnaissance à personne. Leurs maîtres, du reste, étaient aussi maltraités qu’eux-mêmes : ce n’est qu’à la fin de leur vie que Mallarmé et Verlaine gagnèrent, avec leur littérature, un peu d’argent, — mais si peu !

Les temps sont devenus moins incléments, même pour les jeunes gens tout à fait inconnus. Peut-être que les histoires racontées par M. Retté, avec une verve agréable, leur feront l’effet de légendes. Ce sont bien des légendes, hélas ! car tout est légende, qui est situé dans le passé. Ce passé, cependant, est très récent ; il est d’hier, exactement. De ceux qui en furent les héros insouciants, si plusieurs sont morts et d’autres disparus, quelques-uns, à peine à moitié de leur carrière, ne sont également qu’à moitié de leur gloire.

1904.