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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/206

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tisme et depuis le naturalisme, à ce que l’on nous dise tout le reste aussi, au risque d’étouffer l’essentiel et de l’écraser sous la lourde abondance des phrases.

M. Moréas a beaucoup voyagé. D’abord il est venu d’Athènes dans le Paris d’aujourd’hui ; puis il en est sorti pour entreprendre un long pèlerinage sur les routes du passé. Son premier volume de vers, les Syrtes, porte plusieurs épigraphes, comme c’était encore la mode en 1884 ; l’une d’elles est empruntée à un poète du xviie siècle, connu seulement de quelques curieux, Ogier de Gombaud. Cela semblerait marquer que la première étape du voyageur fut précisément celle dont il a fait au retour son auberge définitive. Parti de la poésie classique, c’est à côté d’elle qu’après des méandres nombreux M. Moréas est venu s’asseoir, sur un banc, sous les charmilles, dans un vieux parc des environs de Paris. Il y rencontre des ombres, et ne s’en étonne pas. Ah ! voici M. Racine. Mallarmé lui disait, après avoir lu Eriphile. « Vous trichez avecles siècles. » Cela signifie que M. Moréas a toujours tenté d’écrire, bien plutôt que la langue particulière d’aujourd’hui, la langue générale de la poésie française. Il n’a pas voulu, comme tant d’autres, s’en fier à son seul