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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/213

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LA POÉSIE D’HENRI DE RÉGNIER


Dans les premiers mois de l’année 1887, une très petite revue, les Écrits pour l’Art, causait quelque émoi parmi les jeunes poètes, effarouchant définitivement les rares vieux maîtres qui avaient supporté avec sérénité les audaces de la Vogue. Le groupe qui occupait cette petite revue s’intitulait « symboliste-instrumentiste », et reconnaissait pour chef d’orchestre René Ghil, que son extraordinaire Traité du Verbe venait de rendre fameux ; il se composait principalement de quatre poètes qui sont tous arrivés à la réputation : Stuart Merril, Francis Vielé-Griffin, Emile Verhaeren et Henri de Régnier. L’accord dura l’espace d’un printemps ; les musiciens abandonnèrent leur chef, qui recruta incontinent une nouvelle fanfare, mais fort médiocre, et se retirèrent chacun chez soi. Henri de Régnier avait déjà publié deux petits recueils de vers,