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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/214

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les Lendemains (1885), Apaisements (1886). Il donne, cette même année (1887), Sites, et l’année suivante, Épisodes. Cette série de poèmes, qui forme ses œuvres de jeunesse, contient beaucoup de pages charmantes, d’une tristesse élégante et fière, pures de forme et d’une belle sonorité. Mais l’originalité du poète n’y est encore que très rarement visible. La sensibilité est personnelle ; l’expression est empruntée. Le vers cependant va perdre de sa rigidité, les images vont devenir plus ingénieuses et plus riches. Dès cette année 1888, il travaille à un nouveau recueil, auquel il destinait d’abord le joli nom de « Glorioles » et qui parut, deux ans plus tard, appelé Poèmes anciens et romanesques. Le véritable Régnier commence là. Le dessin n’est pas encore achevé, mais les traits principaux apparaissent assez nets dans l’esquisse que les années vont préciser.

C’est en arrivant à Tel qu’en songe que l’on jouit du plein épanouissement de cette belle fleur orgueilleuse et mélancolique. Il y a un dahlia, cultivé dans les jardins où l’on aime les floraisons singulières, qui est tout noir, d’un noir soyeux de velours, avec, au centre de la large corolle, un œil d’or ; et cet œil d’or est éclatant et triste, taciturne et fier.