Dans Tel qu’en songe, la procession est plus lente et, mystérieuse, c’est dans la nuit qu’elle s’allonge, éclairée des seules étoiles. Il est impossible de lire ce poème sans ressentir une impression d’angoisse. Les chants du cortège, car ce sont les funérailles de l’espoir, ne sont plus que des murmures ; le bruit des vers s’assoupit comme des pas sur l’herbe ; puis le rêveur se trouve seul, abandonné même des ombres qui marchaient devant lui, et une voix, comme lointaine, dit :
Je t’ouvre le château de songe et de sagesse
Où le seuil ruiné disjoint la porte haute,
Et, si l’âtre allumé chauffe mal ta détresse,
Pense à tes jours perdus et pleures-en la faute.
Si dans la forêt triste où le vent rôde et peine,
Les arbres, un à un, s’effeuillent aux ruisseaux,
Songe que c’est l’automne où la vendange est vaine
À ceux qui, dès l’aurore, ont quitté leurs travaux.
Je t’attends sur le seuil où le soir est plus sombre
Que tout le crépuscule où ta douleur frissonne ;
La demeure où j’accueille est la maison de l’ombre,
Et mon visage est grave en face de l’automne.
Ces vers, pour parler sans métaphores, sont très beaux et d’une grande sûreté de langue, en même