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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/248

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la diversité des manifestations, à tous les poètes de race normande authentique. On chercherait la qualité commune dans Robert Wace, Clément Marot[1], Malherbe, Corneille ; et il faudrait que cette qualité commune fût telle qu’on ne pût la retrouver identique chez des Champenois, des Bourguignons ou des Tourangeaux. Je ne dis pas que cela soit impossible ; mais je dis que cela n’a pas été fait, et que, tant que cela n’a pas été fait, on est en droit de se demander : qu’est-ce qu’on poète normand, par spécialisation, par opposition à un poète français ?

Le présent volume ne servira pas beaucoup pour la solution de ce problème. Les auteurs se sont bornés à obéir aux injonctions de la géographie. La plupart des poètes qu’ils célèbrent, en de brèves notices, ne m’ont d’ailleurs paru avoir de personnalité d’aucune sorte, ni normande, ni française. Ce sont d’adroits ou de malhabiles imitateurs et qui ne semblent même pas s’être souciés de savoir si leurs maîtres étaient normands, picards ou poitevins. Ce sont des vers comme il s’en fabrique des milliers par jour dans ce grand atelier de poésie

  1. De Cahors, par hasard, mais d’origine normande certaine. Son père, comme on le sait, est Jean Marot, de Caen.