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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/258

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Rien n’est plus faux. Cette erreur est, il est vrai, accréditée par toutes nos histoires de la littérature française, où la question tient d’ailleurs fort peu de place ; mais ce n’est pas moins une erreur, et assez grave, puisqu’elle frustre de la gloire qui lui revient légitimement une des femmes les plus ingénieuses et les plus spirituelles qui furent jamais, Marie-Catherine-Jumelle de Berneville, comtesse d’Aulnoy. Quand on écrira une véritable histoire de la littérature française, un ouvrage sérieux où l’exactitude ne sera pas sacrifiée aux considérations morales et pédagogiques, il faudra donner tout un chapitre à l’auteur des Illustres Fées. Mais que de recherches cela nécessitera ! Les éditions des contes de Mme d’Aulnoy sont innombrables ; il y en a peut-être des centaines, la plupart sans date. Distinguer entre toutes la première est fort difficile. Je pense qu’elle a dû être publiée entre 1682 et 1690 ; mais je ne l’ai pas vue et je ne puis en fixer la date exacte. Parmi ces contes que tous les enfants lisaient, quand on lisait encore des contes, les plus célèbres sont Fortunio, Babiole, la Bonne petite Souris, le Nain jaune, l’Oiseau bleu, la Biche au bois. Si on ne les lit plus guère, leurs titres, du moins, sont entrés dans la langue où ils ont la valeur de