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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/259

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véritables locutions. Mais peut-être recommencera-t-on quelque jour à les aimer ; ils le méritent.

La comtesse d’Aulnoy habita longtemps l’Espagne, et elle a écrit sur ce pays un volume des plus curieux. Elle avait beaucoup d’esprit ; c’est elle qui a dit ce mot si souvent répété : « Quand on connaît l’Espagne, on n’a pas envie d’y bâtir des châteaux. » Elle mourut, avant d’avoir atteint la vieillesse, en 1705.

Mme d’Aulnoy eut une rivale, ou plutôt une imitatrice, dans la personne de Mlle de La Force, fille de François de Caumont, marquis de Castelmoron, qui publia, avec beaucoup de succès, en 1692, Les Fées, contes des contes. Mlle de La Force est assez connue par ses aventures. Demoiselle d’honneur de Mme de Guise, elle fit, comme beaucoup de demoiselles d’honneur en ces temps galants, bon marché de son honneur. Le célèbre comédien Baron, « recherché de la cour et de la ville », la charma d’abord, puis M. de Brion, le fils du président, puis, il faut bien l’avouer, beaucoup d’autres. Après cela, on souscrira sans étonnement au jugement de Charles Nisard : « Mlle de La Force n’a pas l’imagination aussi réglée, ni peut-être aussi chaste que Mme d’Aulnoy ; non pas certes qu’elle dise jamais rien qui alarme la pudeur, mais