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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/271

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il est républicain et communaliste : « Déployons donc la bannière municipale ! Que les communes nouvelles se lèvent, comme se levèrent, au xiie siècle, les vieilles communes françaises !… » ; il préconise le suffrage universel, entend que l’on pousse à sa conclusion « le mouvement social commencé en 89 et continué en juillet 1830 ». Comme on veut le marier, il s’échappe, muni d’un petit héritage personnel, s’établit à Paris, voyage, revient, rêve, rime, blasphème, écrit des poèmes en prose et un roman singulier, Germaine, qui ne verra le jour qu’en 1884, sous ce titre : Ce qui ne meurt pas. La politique, qui va le reprendre, l’ennuie comme presque tout le reste ; ses seules joies sont de sensualité : un « bel animal » le console de ne plus croire à rien, de ne s’intéresser à rien. Un retour momentané à Saint-Sauveur lui prouve qu’il a même perdu l’amour de son sol natal : « La patrie, écrit-il dans son Mémorandum, ce sont les habitudes, et les miennes ne sont pas ici, n’y ont jamais été. » Cependant, ses idées républicaines l’abandonnent ; lui qui, par principe, n’a voulu porter que son vieux nom tout bref, « Barbey », y ajoute maintenant le « d’Aurevilly » auquel il a droit ; il se souvient que son arrière-grand-père acheta jadis une