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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/272

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charge et un titre d’écuyer. Était-ce une preuve de sagesse et de raison ? C’est possible, car il faut user dans la vie de tous ses avantages, fuir la modestie comme un vice, et, si l’on veut arriver, paraître tout d’abord ce que l’on deviendra.

Maurice de Guérin va se marier ; cela le fait réfléchir : « Qui n’a pas besoin d’un foyer ? Byron n’en médisait tant que parce qu’on avait détruit le sien. » Le romantique traverse une telle crise de sagesse qu’il consent à écrire dans le Journal officiel de l’Instruction publique, que dirige son ami Amédée Renée. Il se discipline : « Je crois, dit-il en août 1887, que je me refroidis intérieurement, ce serait tant mieux ; la poésie des passions ne me touche guère plus. » Dès l’automne, il collabore à l’Europe, soutenant la politique de M. Thiers. Le voilà entré dans le journalisme ; il n’en sortira qu’à sa mort, après y avoir passé plus de cinquante ans.

Dès lors sa vie a deux faces : celle du polémiste, celle de l’écrivain. Elle va même se compliquer davantage, puisque sur ses idées acquises de paganisme et d’immoralisme va se regreffer la vieille maladie traditionnelle, la religion. Le premier Memorandum s’achève sur ces mots : « Mourez ici, dernières folies d’un cœur brisé ! » Un travail inté-