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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/280

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La période du second Empire est assez favorable à l’auteur, toujours légitimiste, mais rallié, des Prophètes du passé. Il collabore au Pays, publie le Journal d’Eugénie de Guérin, défend noblement les Fleurs du mal[1], que Sainte-Beuve abandonna à leur sort.

Très inférieur à Sainte-Beuve dans la critique, cela est l’évidence même, Barbey n’est pas sans clairvoyance. L’homme qui, en 1856, met à leur vraie place et Baudelaire et Augier[2], rend cette année-là un grand service à la pensée française. Dans le même temps, il venge Balzac que la Revue des Deux Mondes a traité à peu près avec la même équité qu’elle traitera quarante-cinq ans plus tard Barbey d’Aurevilly lui-même. On a la rancune longue dans les vieilles villes mortes. L’un de ces timides bravaches s’appelait Poitou ; celui d’hier a nom Doumic. Hélas ! rien ne change : un sot trouve toujours un sot qui le remplace. L’histoire littéraire, comme l’autre, pourrait peut-être s’écrire une

  1. Une lettre à Trébutien nous apprend que Barbey, en mai 1854, préparait un recueil des Pensées et Maximes de Balzac. Un recueil analogue avait été publié deux ans auparavant, sans nom, préface ni notes : Maximes et pensées de H. de Balzac ; Paris, Plon frères, éditeurs, 1852. Le choix, très bien fait, donne, en son raccourci, une idée très intéressante de la pensée de Balzac. Qui en est l’auteur ?
  2. Augier, dit-il, « heureux comme l’indignité »