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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/298

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dres engendrés par la société, les vertus pratiquées dans l’état de nature. Le traité de l’Éducation des femmes peut tenir lieu, comme l’a remarqué M. E. Champion, de cette seconde partie des Liaisons. Mais après l’avoir lu, on se félicitera qu’il soit resté sous sa forme anodine de dissertation philosophique. Le roman, tel qu’il est, est des plus curieux ; la partie qui lui manque l’aurait gâté. Mais cette fin, elle existe. Un certain abbé Gérard a tiré, hélas ! la moralité des Liaisons dangereuses : il a rédigé un long roman édifiant appelé le Comte de Valmont ou les Égarements de la raison (1801). Cela nous suffit. Laclos a pu lire, avant de mourir, entre deux batailles (car il est mort général d’artillerie), cet épilogue absurde de ses Liaisons, et il a pu se rendre cette justice que, si son roman ne fait pas tout à fait détester le vice, l’autre inspire, à coup sûr, l’horreur de la vertu !

Quel est donc, se demande Laclos dans son traité, le moyen de perfectionner l’éducation des femmes ? D’abord, il n’en trouve aucun, les femmes vivant dans l’esclavage social, et cet état étant incompatible avec toute éducation sérieuse. Là, il abandonne son travail, comme découragé. Mais, quelque temps après, il le reprend sous une autre forme, mettant