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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/331

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nomment qu’avec dédain, surgirait à nos yeux étonnés tel qu’un « véritable créateur de valeurs littéraires », En lui-même, Letourneur n’est rien ; par le courant qu’il a déterminé, il est beaucoup.

Dans la seconde moitié du dix-huitième siècle, le courant anglais s’était donc fort accentué. Tout, désormais, était traduit, qui semblait présenter quelque intérêt. La France connut dans sa langue, à mesure qu’elles paraissaient, les œuvres de Fielding, de Smollet, de Sterne, dont le Voyage sentimental fut extrêmement goûté. Sucessivement, on voit se franciser les Saisons, de Thomson (1759), le Vicaire de Wakefield (1767), les Lettres de Chesterfield (1776), les poésies de Gray ; plus tard, les romans d’Anne Radclyffe, tous ouvrages qui laissèrent leur empreinte sur telles régions de notre littérature. Dans le même temps, on lisait les philosophes. Hume, Reid, les Écossais, et leurs idées formaient des esprits précis et un peu secs, comme Destut de Tracy et, par ricochet, Stendhal.

Au commencement du dix-neuvième siècle, le nom d’un poète, tout d’un coup, emplit l’Europe, Byron. Son influence en France fut immédiate. En même temps qu’il lisait les poètes anglais du dix-huitième siècle, Lamartine s’enthousiasmait pour