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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/336

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LES TRANSPLANTÉS


I


Au mot qu’a imaginé M. Barrès, « les déracinés », il faudrait, je pense, en opposer un autre, qui exprimerait la même idée matérielle et une idée psjcholog-ique toute différente, les transplantés. On emploierait l’un ou l’autre selon que l’on parlerait d’un homme à qui le changement de milieu a été mauvais, ou d’un homme qui a trouvé une nouvelle vigueur par le fait même de sa transplantation en un terrain nouveau.

Cette insinuation m’est suggérée par la lecture de quelques pages d’un livre modestement intitulé Prétextes. L’auteur, M. André Gide, peu connu du public des journaux, est l’un des jeunes écrivains. les plus estimés et les plus écoutés du monde littéraire, l’un de ceux qui comptent, l’un de ceux dont l’opinion a une valeur non pas marchande, mais