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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/115

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habituel, l’Ironie, et, vers la fin de l’année 1787, il se mit à rédiger avec beaucoup de soin, de sa belle écriture nette et reposée, les éloges des 650 grands hommes, qui alors se partageaient la gloire. Cela fit le Petit Almanach de nos grands hommes pour 1788. Les premières éditions de ce livret contiennent un calendrier. C’est un vrai almanach, comme il y en avait tant, et qui se présentait avec autant d’innocence que l’Almanach des Muses, les Étrennes de Polymnie, les Muses provinciales, l’Asile des Grâces et vingt autres. Mais bientôt les nouveaux grands hommes, d’abord flattés, firent paraître de légers mouvements d’inquiétude. Se moquerait-il ? C’est ce que se demandait M. Fallet : « On a aimé M. Fallet dans Tibère t Tibère lui-même y a beaucoup gagné. Il fallait bien du talent pour rendre Tibère aimable. » M. l’abbé Barthe, de la société anacréontique d’Arras, « excessivement connu pour une fable sur deux carrosses », fut mis en joie par un début si flatteur. « Les propos que tiennent ces deux carrosses sont prodigieux… » Ce prodigieux lui sembla équivoque. Il acheva : « Il n’y a guère dans toute la littérature que les cheveux d’Achille qui soient dignes de converser avec les carrosses de M. l’abbé Barthe. V. l’Iliade. » Telle est la vanité des poètes qu’il n’est pas sûr que le pauvre M. l’abbé Barthe ait compris ; néanmoins.