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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/156

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ves qui criaient qu’on ne peut vivre sans gouvernement, ni écrire sans style et sans idées. »

L’Explication d’une charade[1] est une satire des commissions parlementaires, très spirituelle et à peine méchante. Les députés y apparaissaient tels que de braves gens, ignorants, innocents et vaniteux, qui croient qu’une niaiserie devient importante, parce qu’elle leur passe par les mains. Les satires politiques de Rivarol, comme ses satires littéraires, ont gardé un à propos incroyable. Ces pièces, qui dormaient dans les bibliothèques, depuis cent quinze ans, elles se sont mises à rire et nous faire rire, sitôt qu’elles ont revu le jour. Il n’est pas jusqu’au Dialogue des Morts[2], entre Suard et Ruhlière, qui, malgré sa franche méchanceté, ne soit bien amusant. Hélas ! dit Suard, « tout m’échappe à la fois, ma femme n’est plus une nymphe ! M. Necker n’est plus un Dieu ! » Les deux personnages étaient peu estimés. Est-ce Rivarol qui a dit, sur Ruhlière ou Chamfort, ce mot singulier : « Il reçoit le venin comme les crapauds et le rend comme les vipères. » Quant à Suard, sa conduite avec Condorcet proscrit, errant, est bien équivoque.

Mais l’esprit de cette qualité a-t-il besoin d’être

  1. N° 94.
  2. N° 163.