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Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér3, 1924.djvu/179

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esprit : l’essentiel est qu’elles en discernent le but, et d’ailleurs ce qu’elles entendent le moins est presque toujours ce qui les flatte le plus. Soumettons-leur nos sens et nos désirs, mais jamais nos idées ni nos actions. Écartons-les sans cesse des affaires du temps par la variété des plaisirs du jour. Enfin, si nous voulons les rendre heureuses sans nous rendre ridicules, faisons tout pour elles et rien par elles. »

L’opuscule entier est semé de traits amusants. C’est un sot, bien fait, bien frais et bien fat : « Semblable à l’Apollon du Belvédère, il ne lui manque que la parole » ; c’est Mme de Verneuil, qui aime les belles âmes et « ne peut se décider à faire languir un jeune homme qui a sans doute luie belle âme » et qui, « de compassion en compassion, promène son cœur dans le monde ».

Les Gobe-Mouches[1] sont des portraits d’hommes, mais bien vagues et bien rapides. Le gobemouche, c’est à la fois le badaud, l’oisif, le sot, le poseur. Il y en a des variétés à l’infini. Ce livret pourrait faire penser à la satire du treizième siècle, les XXIII Manières de Vilains. C’est la même veine, mais non le même talent, ni la même âpreté : « Le vilain porcin est celui qui travaille aux vignes, ne veut pas enseigner le chemin aux pas-

  1. Au Palais-Royal, 1788.